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juil. 26, 2017

Les grandes « affaires » historiques à Toulouse (2ème partie)


Deuxième partie de la conférence-visite dans les rues de Toulouse animée par Michel ALIAGA le 15/06/201.

Catégorie : General
Posté par : michelgeny

L'affaire Guillaume Cammas

L'architecte Guillaume Cammas, peintre de la ville, architecte (qui « fit » la façade du Capitole (1751- 1761)), fut jugé vers 1735, prétendument pour avoir enlevé et séduit une jeune fille de bonne famille. Maître Boubée, son avocat, le défendit avec humour et succès.

A cette époque, les avocats ne plaidaient pas, ils publiaient simplement leur plaidoirie. Normalement, une telle faute méritait les galères.
Maître Boubée fit valoir que pour séduire une jeune fille de bonne famille,il fallait 3 conditions :

  • être beau, élégant,
  • avoir un rang social élevé
  • être intelligent, spirituel

Or, dit-il, regardez M.Cammas, il ne possède aucun de ces 3 attributs, donc il ne peut avoir séduit cette jeune fille. Cette plaidoirie fit rire les juges, qui acquittèrent M. Cammas

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Façade du Capitole (détail)

L'affaire Georges Labit

Antoine Labit, au N°50 rue Saint Rome, avait la bosse des affaires. En 1874, une des plus grosses fortunes de Toulouse. il veut installer « la maison universelle » à l'emplacement de l'actuel magasin Zara.
Note : Jules Ambialet est l'architecte de nombreuses façades haussmaniennes. Il y avait aussi les Grands magasins concurrents « la personne » (actuellement Midica), « au gaspillage », rue d'Alsace, etc. .

Georges, son fils, est un garçon difficile. Il dépense beaucoup, à Paris. Antoine lui intente même un  procès et le fait mettre sous tutelle financière. Georges passe 4 ans à Vienne, où il apprend les affaires. De retour à Toulouse, il s'associe à son père et voyage en Asie pour le représenter. Il en ramène des produits et des objets (de là le musée Georges Labit).

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Le musée Georges Labit où l'on peut voir ses collections

Quand le tsar Alexandre III meurt, Toulouse envoie Georges à ses obsèques pour la représenter, c'est dire l'importance du personnage.
En Février 1899, Georges a 37 ans, il est en bonne santé, il va se marier. Mais le 9 Février, il est retrouvé mort et on l'enterre du jour au lendemain. Secret, rumeurs...

On dit que Mlle Sicard, son ancienne maîtresse, l'aurait émasculé, ou bien que le frère de celle-ci lui aurait tiré une flèche empoisonnée au curare, en bas de la rue Bayard. Ou enfin, selon la fille qu'il aurait eu avec Mlle Sicard, il se serait suicidé en s'empoisonnant avec des champignons ramenés d'un voyage en Inde.

L'affaire Violante de Castro

Cette affaire est connue par les Mémoires écrites par son juge en 1613.

La famille de Violante arrive à Toulouse en 1600, venant du Portugal. Ce sont peut-être des Maranes, anciens juifs convertis. En chemin, Violante, qui est très belle, épouse un vieil aristocrate espagnol, qui meurt peu après. Le frère de Violante est un excellent médecin. Violante est très belle, noble. C'est une femme libérée qui aime l'argent et tous les plaisirs, en particulier les hommes, à la façon de Don Juan mais façon femme. En 1608, elle a 4 amants, de toutes conditions sociales et de tous âges, et qui se connaissent et se rencontrent tous :

  • le plus jeune est étudiant, se nomme Candolas
  • le second, Esbaldit, a 30 ans, il est clerc
  • le 3ème, Arias Burdeus, a 40 ans, il est moine au couvent des Augustins, il est le plus grand professeur de théologie de Toulouse
  • le 4ème, François de Gayraud, est noble, il a 66 ans, il est issu de la plus grande famille (capitouls et parlementaires), et il a une fonction de justice, conseiller auprès du sénéchal.

Voici comment Violante et ses 4 amants vont perpétrer en commun un crime.

A Toulouse, il y beaucoup de ragots, on parle beaucoup de l'inconduite de Violante : s'il y avait un enfant, de qui serait-il ? Cela jetterait le discrédit sur de hautes classes sociales. Toulouse est ultra-catholique, n'a pas voulu reconnaître Henri IV à son avènement ! Aussi les 4 décident-ils de marier Violante. François de Gayraud a une idée : il connaît à Gimont un avocat de maigre renommée, sans affaire, contrefait, bossu, misérable : c'est Pierre Romain.

Le mariage a lieu en Mai 1608, il est convenu que, contre une forte somme d'argent, Pierre Romain rentrera à Gimont et laissera Violante à Toulouse. Mais après le mariage, celui-ci change d'avis, garde l'argent, ramène Violante à Gimont et l'enferme.

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Rue des Pénitents Gris
lieu du crime

En Juin 1608, les 4 décident d'empoisonner Pierre Romain, sans succès. En Juillet, François de Gayraud le fait venir à Toulouse sous prétexte de lui donner une affaire. Ils dînent ensemble, François de Gayraud lui propose de le raccompagner à son auberge, les rues de Toulouse n'étant pas sûres. Rue des pénitent gris, ils sont assaillis par un groupe. Pierre Romain reçoit 17 coups d'épée et de couteau. François de Gayraud se précipite au Capitole pour appeler la main forte. La police parcourt la ville et met la main sur Esbaldit (qui avait fait le guet, l'étudiant et le moine ayant tué Pierre Romain).

2 jours plus tard, le moine Burdeus s'enfuit de Toulouse, ainsi que Esbaldit.

En 1608, était paru l'édit de Castres, stipulant qu'un accusé protestant pouvait se réclamer d'un juge protestant. Le moine se convertit au protestantisme à Nîmes, et Esbaldit fait de même à Montauban. Mais tous deux n'avaient pas lu complètement l'édit, qui disait qu'il fallait justifier de 6 mois de protestantisme !

Ils sont donc tous arrêtés, condamnés. Au procès, chacun dénonce l'autre. Ils sont exécutés du 12 au 16 Février 1609

2ème extrait de la conférence de M. Aliaga - Rédaction : A. Maumus
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