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Et si nous allions « chez Ma Tante » ?
L'AREC organisait ce 20 avril 2022 une visite du Crédit Municipal à Toulouse. Quelques collègues ont pu ainsi découvrir les multiples services que rend quotidiennement cette institution.
En avril dernier, nous avons visité le Crédit Municipal de Toulouse. Mais, contrairement à ce qui est proposé lors des journées du Patrimoine, une visite de l’extérieur, où tous les « trésors » sont exposés à la vue du public, notre visite a été orientée vers la vocation profonde du Crédit Municipal, vocation d’aide et de secours pour ceux qui sont dans le besoin, momentanément ou non.
C’est un retour aux sources puisque ce système de prêts sur gages en vue d’un dépannage financier existe en France depuis le 17ème siècle, sous le nom de « Mont de Piété » : une institution charitable destinée à lutter contre les abus des usuriers, dans un contexte de crise économique et sociale.
D’autres synonymes peuvent désigner les Crédits Municipaux : « Ma Tante », à la suite du Prince de Joinville, grand joueur, contraint de déposer sa montre en gage pour éponger ses dettes, et ayant répondu à sa mère qui s’en inquiétait qu’il l’avait laissée chez sa tante. La dernière image « laisser au clou », vient des clous où étaient accrochés les objets laissés en dépôt, et que nous avons pu voir dans la visite des salles.
Mais quel que soit le nom qu’on lui donne le Crédit Municipal est un recours pour obtenir de l’argent rapidement, sans garantie ni condition de ressources, selon des modalités simplifiées : pour faire un contrat de prêt, il suffit d’une carte d’identité et d’un justificatif de domicile, plus une facture pour les objets connectés et les produits de luxe.
Une fois les formalités administratives remplies, les biens sont expertisés par un commissaire-priseur, et l’argent est versé immédiatement au propriétaire, quel que soit le montant de l’estimation, avec un contrat de 6 mois, renouvelable, et la possibilité pour lui de récupérer son bien quand il le souhaite.
Si bien que, dans les années 30, les voitures étant acceptées, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, certains propriétaires de véhicules trouvaient pratique de les engager le vendredi et de les récupérer le lundi, bénéficiant ainsi d’un garage à peu de frais.
Toutes sortes d’objets sont mis en gage, de l’or, des bijoux, mais aussi de la vaisselle, des sacs et des foulards de marque, des livres, du vin même… Ils sont conservés dans le coffre-fort du Crédit Municipal, et peuvent être vendus aux enchères, si le propriétaire le souhaite ou s’il ne peut rembourser à la date d’échéance du prêt. La valeur des objets déposés est très variable, avec de très belles pièces, dont une bague engagée pour 30 000 euros, mais aussi de très petits prêts, de quelques dizaines d’euros parfois. Des personnes aux abois viennent gager un objet car cela leur permet d’être dépannées et d’avoir de l’argent immédiatement
C’est pourquoi le Crédit Municipal, fidèle à sa vocation sociale, propose maintenant d’autres services que le prêt sur gages : l’octroi de microcrédits, en vue de la réalisation de projets professionnels spécifiques, ainsi qu’un Point conseil budget.
Géré par des bénévoles, ce dispositif propose des conseils personnels pour la gestion d’un budget afin d’éviter le surendettement quand c’est encore possible, et quand il est trop tard, une aide pour constituer les dossiers de surendettement.
De plus en plus de personnes ont recours à ces consultations gratuites, preuve de leur utilité, ce qui fait dire aux responsables : « Nous sommes un établissement public à caractère social, le plus gros de notre travail, c’est d’aider les plus démunis. » Toutes ces informations nous ont été apportées au fur et à mesure de la visite des différentes salles, avec leurs affectations particulières, et du petit musée, mais nous n’avons pas vu les bijoux, conservés dans le coffre ! Donc une visite « de l’intérieur », axée sur le rôle et la mission d’un Crédit Municipal.
Maïté Fronton / Yolande Yvernes